vendredi 3 février 2012

Il n'y a plus d'hétérodoxes !!!


La théorie des branches, émet l’idée que les diverses confessions chrétiennes actuelles forment toutes des « branches » de l’Eglise Une, laquelle existera pleinement et visiblement quand ces diverses branches seront réunies.

FAUX !

Cette funeste idée nie directement celle de l’Eglise Une confessée dans le Credo !

Car il est bien manifeste que Notre Seigneur Jésus-Christ a établi Une Eglise et non plusieurs. Et seule l’Eglise véritable est Une, cette Eglise que le Seigneur a lui-même établie au commencement, par Ses apôtres et par Ses évêques qui leur ont succédé, cette Eglise dont Il dit dans l’Evangile : « Je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre Elle » Mt. 16, 18.

lundi 14 novembre 2011

Histoire du "Schisme" Orient-Occident


Le Cadre Politique et religieux : la Romanité

La question du "schisme", pour être abordée avec le sérieux nécessaire, doit esquiver une première attaque qui consiste à nier son enjeu dogmatique fondamental aujourd'hui. Elle risque d'être rejetée immédiatement, d'un point de vue historique, tant les spécialistes en œcuménisme, veulent en réduire la portée, à n'être qu'une querelle de clocher, dont la maintenance est anachronique.
Pourquoi depuis le début du 20ème siècle on assiste à des patriarches successif à Constantinople (pour ne prendre qu’eux -mise à part Maxime V) , manifestant leurs désintérêt pour l’aspect dogmatique du schisme ?
Pour un penseur religieux de la classe de Yves Congar, ce sont les malentendus historiques qui ont provoqué un éloignement réciproque : "Le schisme oriental, nous apparaît comme constitué par l'acceptation d'une situation où chaque partie de la Chrétienté vit, se comporte et juge sans tenir compte de l'autre. Eloignement, provincialisme, situation de non-rapports, état d'ignorance réciproque". Aucun terme français ne traduisant adéquatement cette situation, Congar utilise le mot anglais "estrangement" : "Le schisme oriental s'est fait par un estrangement progressif et il est constitué par l'acceptation de cet estrangement".Selon une telle interprétation, cet éloignement a eu des causes géographiques, linguistiques et morales.
La principale cause géographique, affirme-t-on, à la suite de l'historien belge Pirenne, c'est la rupture des voies de communications, provoquée par les invasions des mahométans.
La cause linguistique de cette méconnaissance mutuelle est l'ignorance du grec en Occident et du latin en Orient. Culturellement, les deux traditions qui ne se comprennent plus guère, ont développé, chacune d'une façon autonome, deux visions possibles du Christianisme. En Orient, la théologie devient "byzantine" à force de ressasser sans cesse les Pères grecs; en Occident, grâce aux Carolingiens, le dogme progresse, en approfondissant les "authentiques intuitions" de la patristique latine.
Enfin, sur le plan moral, cet éloignement réciproque est l'indice d'un refroidissement de l'amour ou de la charité, entre deux mondes, jadis si fraternellement proches.
Congar qui voulait tirer toutes les conséquences de son analyse dans l'optique de l'union des églises, en déduisait que l'éloignement réciproque peut être dépassé puisque les conditions sociologiques et morales ont changé : la société moderne est plus "civilisée", plus capable d'amour que ne l'étaient celles de "Byzance" et de l'Occident médiéval. Congar affirmait même que l'amour serait la grande découverte moderne, ignorée dans le passé de l'Eglise : "19 siècles de christianisme se sont intéressés presque uniquement à Dieu. Aujourd'hui nous connaissons le monde et celui-ci s'impose tellement à nous, que certaines affirmations chrétiennes semblent sinon vaciller, du moins être surclassées par les évidences qui nous viennent des choses... Rien n'est plus significatif à cet égard que la rentrée de l'amour, serait-ce même du mot "amour" dans la littérature religieuse".
Le fond de cette position "œcuméniste sur l'histoire du schisme, c'est ce que les Pères ont ignoré tout ou en partie de l'amour, et que, par suite, n'importe qui vivant de nos jours, s'élève sur ce point plus haut que saint Athanase l'intransigeant lutteur de la Foi de Nicée, saint Cyrille d'Alexandrie le "persécuteur" de Nestorius ou saint Maxime le Confesseur qui refusait tout compromis à l'égard des cinq patriarches devenus, un moment, hétérodoxes.
On voit donc à quel point ces thèses sont insultantes à l'égard de la Théologie des Pères si l'amour est "une découverte récente" et si c'est le manque d'amour qui a été la cause des grandes polémiques des Pères contre les hérétiques !
Cette conception admise aujourd’hui par de nombreux catholique-vaticaniste et même beaucoup "d’orthodoxe", repose sur une vision de l’histoire totalement fausse et sur trois postulats que nous proposons de mettre en doute de la façons suivante :
1. -Tout d’abord, « Byzance » n’existe pas ; c’est une imposture ou une polémique indigne d’historiens sérieux, de nommer "byzantins" ceux qui jusqu’à la chute de Constantinople et même au-delà, se sont nommés "romains". Le Patriarche de Constantinople porte encore de nos jours le titre d’archevêque de Constantinople Nouvelle Rome.
2. -Ensuite, l’opposition culturelle des Pères grecs et latins ne se justifie que par l’autorité exclusive donnée par les germano-francs de l’époque carolingienne, à Augustin d’Hippone, aux dépends des autres très nombreux Pères latinophonesAntérieurs. Cette soi-disant opposition est donc, en grande partie, fausse. Et au lieu de distinguer les Pères "latins" et les Pères "grecs", il faut reconnaître l’unité de la Foi des Pères latinophones et des Pères héllénophones -Augustin, mis à part- à l’intérieur du cadre géo-politique de la Romanité.
3. - Enfin, il n’y a pas eu de "schisme" au sens de la séparation de deux mondes, une telle chose étant contraire à la définition même de l’Eglise, UNE par nature, mais usurpation du siège orthodoxe de Rome, par le parti francophile qui a mis plusieurs siècles à vaincre la Romanité en Occident.
Le premier point :
D'une façon générale, la science historique européenne, nomme "byzantin", à partir de la fondation de Constantinople, ou parfois à partir de Justinien, l'Empire Romain du saint empereur Constantin le Grand. L'origine de cette nouvelle civilisation, serait liée à une soi-disant "orientalisation" de l'Empire Romain. En tout cas, tout le monde affirme que l'Empire Romain devient "byzantin" vers le Ve-VIe siècle, parce qu'il s'héllénise et perd sa latinité première. D'un autre côté, cette même science historique nomme "byzantin" le cadre culturel et théologique de l'Empire, parce qu'il perd sa spécificité grecque pour se modeler sur un problématique "esprit byzantin". Ces deux termes "Grecs" et "Byzantins", sont cependant une appellation récente et péjorative.
Le terme "grec" n'est employé véritablement qu'au VIII-IXe siècle, dans le climat politique ez idéologique particulier de l'époque carolingienne : Charlemagne veut restaurer un "empire romain", et il lui faut, pour cela, dénier toute légitimité au Basileus Orthodoxe, afin de briser le lien profond existant entre les populations gallo-romaines et italo-romaines avec Constantinople. Appeler les peuples de l'Empire "grecs", c'est par une entreprise idéologique de grande envergure, les rejeter hors de l'Occident, et les identifier quasiment aux "Gentils", aux grecs anciens, c'est à dire aux païens dont parle l'Ecriture.
Quelques années plus tard, Nicolas Ier, le premier pape germanophile, attaqué par les évêques italo-romains du sud de l'Italie et gallo-romains en conflit avec le clergé franc, tenta de rassembler autour de lui, tout l'épiscopat germanique et franc. Il commanda des traités "contre les erreurs des grecs" qui menacent la Foi chrétienne.


Dans l'esprit de Hincmar et des autres théologiens francs de cette époque, qui pensaient faire progresser subtilement la théologie, en scrutant l'essence de Dieu avec les catégories d'Aristote, le terme de "grec" est une insulte pleine de mépris : les "grecs" sont à la fois indignes du nom de "chrétiens", ignorants de la théologie et perfides comme des "orientaux". Il suffit de consulter les nombreux "Traités contre les erreurs des grecs", de celui de Thomas d'Aquin, ce recueil de citations fausses et mensongères, pour voir que la subtilité diabolique du "Filioque" est présentée comme une marque de grande supériorité intellectuelle de l'Occident sur les "Grecs" !
Parmi les Orthodoxes Romains de l'Empire, le terme passait pour une véritable injure; au XVe siècle, même un partisan de l'union avec Rome, au Concile de Florence, comme l'empereur Jean Paléologue, refusa l'appellation discourtoise de "Grec".


Pour le mot "byzantin", il en va de même ; nul ne songerait à appeler les parisiens "lutétiens" du nom de l'ancienne bourgade sur laquelle est bâtie la ville nouvelle, comme nous le faisons par ce vocable, pour les habitants de Constantinople, Nouvelle Rome. Le terme est d'ailleurs tardif et c'est au XVe siècle seulement, qu'un latinisant uniate, Nicéphore Grégoras, l'utilisa pour son histoire des Romains, appelée histoire des "Byzantins".


Quelle que soit l'empreinte de mille ans de passions anti-orthodoxes, est-ce que l'Histoire, dans son effort exigible de rigueur et d'objectivité, a le droit d'emprunter une terminologie issue des polémiques les plus violentes de l'époque carolingienne ou du XVIIIe siècle ? Est-il conséquent de traiter la "longue durée" de l'Histoire Universelle, à partir de concepts apparus à des moments bien précis, de luttes quasiment "provinciales" ? Ne serait-il pas plus juste, de nommer les byzantins de la façon dont eux-mêmes se nommaient, c'est-à-dire des "romains" et d'utiliser les adjectifs et substantifs de "Romanité", "Romaïcité", "Romiosynie", "Romaïque"? N'est-ce pas ce qu'on fait les Arabes qui les appelaient "Roum", "Roumis", terminologie qui a subsisté jusqu'à nos jours ?


Les sources textuelles de telles affirmations seraient innombrables et les historiens pourraient analyser plus adéquatement, le sentiment profond d’unité culturelle qu’avaient les Romains de la Nouvelle Rome à l’égard de tout le passé tant "romain" (latin) que "grec", tant antique que chrétien. Par exemple la BIBLIOTHEQUE de saint Photios déconcerte souvent le critique occidental qui n’y voit qu’un précieux livre d’érudition, manifestant seulement la curiosité intellectuelle du saint Patriarche, alors que les livres d’Histoire Romaine, ou de Philosophie grecque lui étaient aussi peu étrangers que pour un français du XXe siècle, Racine ou Molière. L’histoire antique, pouvait être aussi proche culturellement de saint Photios qu’elle en était éloignée, sur le plan des valeurs chrétiennes, comme en témoigne son rejet de l’intrusion du rationalisme humaniste carolingien à l’intérieur de la dogmatique. Les "humanistes" latins ou grecs, n’avaient pas plus de caractère exemplaire pour un romain de Constantinople, que notre enfance n’a un caractère exemplaire pour un adulte que nous sommes devenus.Prenons un autre exemple plus récent : on nous objectera peut-être, que la Grèce continentale libérée du joug des Turcs, n’a pas choisi le nom de "Romanité". En fait, l’exception confirme la règle : ce sont les puissances occidentales qui ont imposé le terme de "Grecs", pour couper les Orthodoxes continentaux de leurs frères d’Anatolie et empêcher toute revendication de l’Asie Mineure ; les Turcs, en effet, devaient être épargnés et protégés pour des raisons de politique internationale. Les conséquences d’une telle politique furent, plus tard, les massacres d’Asie Mineure en 1923 et où troupes française et anglaises assistèrent, indifférentes, au meurtre des populations chrétiennes. Au XIXe siècle, en tous cas, le choix des termes grecs et hellènes, fut combattu par les Orthodoxes hostiles à la renaissance d’un néo-paganisme hellènes ; le grand poète Costis Palamas, fut le chantre de la Romanité, face aux thèses du groupe néo-grec de Koraïs, incapable de démontrer l’existence d’une conscience nationale néo-grecque autonome. Le théologien de renommée mondiale, le professeur d’éternel mémoire Jean Romanidis (2001†) de l’Université de Thessalonique, s’est fait le défenseur de l’idée et de la conscience romaïque orthodoxe.
Le père Jean Romanidis a, en particulier, dénoncé cette grande contradiction de la science historique européenne que nous évoquions plus haut : d’un côté, on affirme que l’empire est devenu "byzantin", parce qu’il devenu "hellène" ou "grec" ; d’un autre, on explique le passage de la civilisation hellénique de l’Empire Romain –celle, par exemple, des grands Cappadociens- à la civilisation byzantine, par la perte du caractère proprement hellène de cette civilisation. Donc, l’Empire Romain devient "byzantin" parce qu’il s’hellénise et la civilisation hellénique devient "byzantine" parce qu’elle cesse d’être hellène !
On le voit, la confusion est grande chez les historiens et les théologiens occidentaux qui parlent tantôt de "byzantins", tantôt d’orientaux, tantôt de grecs, pour désigner un empire qui s’est toujours nommé de la même façon : Romain !
Ce serait donc accomplir un progrès véritable de rejeter ces termes péjoratifs de "grecs" et "byzantins", qui n’ont même pas le mérite de clarifier les évènements historiques. Si l’on revenait à l’appellation de "romain" et de "Romanité Orthodoxe", l’efficace scientifique serait grande sur au moins trois points :




1– L’historien aurait un fil directeur cohérent pour penser l’histoire du monde méditerranéen dans sa totalité : l’empire romain envahi par des peuples barbares qui imposent leur domination de façon différente ; en occident cette domination se continue sur un mode d’imitation parodique et d’usurpation des anciennes structures romaïque et chrétiennes ; chez les mahométans s’établit un modèle de domination non-parodique, les deux cultures chrétiennes et musulmane restant, dans une certaine mesure parallèles et hostiles.
Les points de rencontre essentiels sont particulièrement intéressants et ils sont incompréhensibles hors cette unité culturelle romaïque, en particulier s’agissant de la période carolingienne, des croisades et du concile de Florence. Ce dernier évènement est souvent négligé par les historiens, alors qu’il revêt une importance quasi paradigmatique. Bessarion invente et propage bientôt l’humanisme à la fois païen et papiste ; saint Marc d’Ephèse rejette, définitivement, au nom de la Romanité Orthodoxe, "l’infaillibilité" du pape et de l’homme européen ; Pléthon redécouvre une héllénicité fondée sur le retour aux cultes païens, hostile aussi bien à la Romanité qu’à l’Europe.




2- L’histoire n’aurait pas à chercher une "latinité" qui n’existe pas toujours ( H.I Marrou par exemple, critiquait volontiers ce caractère artificiel de la latinité en Occident).


Les différentes constructions de la latinité en Occident –Charlemagne et ses successeurs- seraient mieux comprises, si elles étaient étudiées comme des utopies ou des idéologies facilitant la domination sur l’ancienne Romanité Orthodoxe.




3- La lutte pathétique des romains d’Occident face aux barbares, pourrait enfin être étudiée dans une perspective de longue durée au lieu de s’évanouir curieusement après les Mérovingiens. En particulier, la volonté des Italo-romains du Sud de l’Italie ou de Sicile, des provençaux, des aquitains, des espagnols romanisés, tous orthodoxes, de préserver leur culture et leur foi, pourrait être étudiée sous cette optique.


Enfin, l’histoire des idées jaillirait de l’histoire évènementielle, puisque le sentiment d’infaillibilité qui caractérise, selon saint Justin Popovitch, l’homme européen, progresserait en même temps que les forces politiques et religieuse propres à l’Occident médiéval et classique : la papauté et la monarchie absolue.


Le Schisme de 1054



Dans le premier chapitre, il a brièvement été montré, que les nécessités du Dialogue Œcuménique, conduisaient à donner une explication insatisfaisante, tant pour la théologie que pour l’histoire du "schisme de 1054. "


Sur le plan théologique, le débat a été appauvri parce qu’il a été réduit à n’être qu’une querelle de mots ; en particulier, le Filioque est présenté comme le fruit heureux d’une approche purement latine et occidentale de la théologie qui, du fait des postulats fondamentaux qui y conduisent, ne met pas en danger la théologie classique des Pères. On emploie, dès lors, le vocabulaire vague des sentiments et de l’émotion, comme par exemple feu Olivier Clément qui parlait de « la grandeur proprement religieuse Filioque » et des « intuitions authentiques du Filioquisme ». Bref, faute d’un vocabulaire conceptuel suffisamment élaboré, l’Orient, moins spéculatif, et l’Occident trop rationaliste, peut-être, ne se seraient pas compris.


On est alors renvoyé aux causes purement historiques qui paraissent vite n’être qu’une somme de hasards malheureux ; l’interprétation psychologique prévaut et chacun se fait la politesse, toute question de fond étant mise entre parenthèses, de trouver son propre camp discourtois. Ainsi Olivier Clément écrit du patriarche Michel Cérulaire : « Le patriarche byzantin Michel Cérulaire était un esprit abrupt, incapable de discerner l’essentiel de l’accessoire et de s’élever à une conception œcuménique de l’Eglise » ; et Congar dit du cardinal Humbert qu’il était « un homme raide et combatif, dont la Bulle d’excommunication est un monument d’inimaginable incompréhension ». A force de "dialogue ", c’est l’histoire qui risque de devenir incompréhensible, si l’on en reste à ces hautes sphères de la "causalité psychologique " !




En réalité, l’aspect historique et l’aspect théologique sont liés, et particulièrement à partir du VIIIe siècle, où la théologie du Filioque, de la Rédemption, et, d’une façon générale, la méthode théologique issue de l’augustinisme, apparaissent comme l’idéologie des Franks et des Germains, dont les ancêtres ont envahi la Romanité occidentale et qui ont mis trois siècles à se constituer en Etat. Le « schisme » n’est pas seulement une rupture, une déchirure dans le tissu chrétien, due à une séparation théologique entre Rome et l’Orient, mais, bien plutôt, l’usurpation du siège orthodoxe de l’Ancienne Rome par les germano-franks, aboutissant à l’enlèvement pur et simple du dernier Pape Orthodoxe et à son remplacement par un Pape germanique filioquiste, Serge IV.


Ce sont les grandes étapes de cette usurpation que nous allons brièvement décrire, comme une lutte entre l’élément romaïque, gallo-romain, italo-romain et les barbares goths, lombards, vandales ou franks.

L’origine lointaine, la donnée fondamentale qui recelait, en germe, les divisions ultérieures, ce sont les invasions barbares non tant du fait du caractère hérétique arien de la religion de ces peuples que de leur incapacité à se constituer en Etat ou à modeler une religion puissante pour remplacer ce qu’ils voulaient détruire. Après les premiers massacres, et grâce à la résistance héroïque des évêques, des prêtres et de tout le peuple martyr gallo-romain, dès la mort du roi Euric, le projet de remplacer la « Romanie » par une « Gothie » dût être abandonné. Au contraire, même, de nombreux chefs barbares prirent les habits et les titres romains pour acquérir un peu de légitimité auprès des populations.

Mais cela ne veut pas dire que le sentiment national des populations asservies ait disparu rapidement, comme l’ont affirmé certains historiens (Fustel de Coulange). En fait, après l’effondrement du pouvoir politique romain en Occident, la représentation légale, comme l’autorité morale sur le peuple romain se trouve alors assumées par l’Eglise, qui devient le lieu de résistance de tous ceux qui veulent conserver la tradition et l’identité romaines. Dans cette période tourmentée, outre le rôle des grands évêques du Ve et VIe siècles, comme Faust de Riez ou Césaire d’Arles, le patriarche de l’Ancienne Rome assume la fonction d’Ethnarque du peuple romain d’Occident. C’est lui qui demeure en contact avec l’Empereur romain de Constantinople. On sait ainsi combien Grégoire le Grand sut préserver les droits des romains dans cette époque si troublée et dramatique, au point qu’il n’hésitait pas, dans ses Morales, à comparer la Romanité Occidentale à Job.

Certes, l’Empire Romain d’Orient n’avait jamais cessé de revendiquer, malgré les difficultés, sa partie occidentale. Les romains d’Orient et d’Occident étaient solidaires, mais, de Justinien à Basile 1er, la fortune militaire de Constantinople ne fut pas toujours favorable. Les divisons internes des barbares et la période sombre que fut l’époque mérovingienne assurèrent, cependant, à l’Eglise une très relative tranquillité : les barbares ne pouvaient accéder facilement à la cléricature, et la synodicité de l’Église, conforme aux Canons Apostoliques, était respectée, du fait de la grande majorité des romains libres dans les cités gallo-romaines. Il faudra l’immense système de déportation et de mise en esclavage des romains, que l’on nomme la féodalité, pour que les Franks soient majoritaires dans l’élection des évêques.

Déjà les écoles monastiques qui, – jadis fondées par les disciples de saint Jean Cassien, d’Honorat d’Arles et Fauste de Riez, formaient les évêques romains – se trouvaient, par les soins de Charles Martel et de Pépin le Bref, anéanties. Du fait de l’anarchie politique mérovingienne, le caractère synodal de l’Eglise fut partiellement supprimé pour n’être rétabli qu’en faveur de l’épiscopat frank. La grande crise iconoclaste qui ébranla l’Empire en Orient, permit aux Franks de jouer des divisions internes des romains d’Orient et d’Italie du Sud.


En effet, depuis le début du VIIIe siècle, l’Italie romaine et l’Eglise Orthodoxe de l’ancienne Rome étaient dangereusement isolées ; car, sous le principal de Léon l’Isaurien, puis sous ses successeurs, les Icônes furent brisées et les iconophiles persécutés. Le Pape Grégoire II refusant de promulguer les édits impériaux ordonnant la destruction des Icônes, l’Italie fut isolée de l’Orient et prise, comme en un étau, entre les empereurs hérétiques et les Franks. Les Franks étaient iconoclastes sur le fond, de même que l’étaient les Lombards et certains évêques de l’Italie du nord, tel Claude de Turin. Cependant, les orthodoxes partisans des Icônes, étaient nombreux en Gaule dans le clergé et l’épiscopat romaïque. En Orient, grâce à l’impératrice Irène, ils réussiront à l’emporter et à imposer le VIIe Concile Œcuménique que les évêques franks de Charlemagne ne reconnaîtront pas et contre lequel ils s’élèveront.

La question du Filioque fut aussi grave. Le Filioque n’est pas une formulation ancienne, comme on l’affirme généralement, qui remonterait au IIIe Concile de Tolède. Mais il date de la fin du VIIe siècle ou du début du VIIIe, et il était très contesté en Occident au début du IXe par les évêques gallo-romains ; au contraire, les Franks en faisaient le symbole d’une renaissance intellectuelle qui apparaît bien modeste. Le Concile d’Aix-la-Chapelle est un témoignage remarquable de cette lutte entre l’élément romain et l’élément frank. Tout d’abord, ce Concile montre à l’évidence le caractère récent du Filioque. En effet, les représentants du Concile d’Aix informèrent le Pape que le Symbole de la Foi avait commencé à être chanté avec le Filioque dans le Palais de Charlemagne et qu’il s’agissait d’un dogme nouveau.

Le Concile d’Aix ne put rien conclure et il se divisa en deux parties contraires. Charlemagne, le champion du Filioque, ne put, en effet, imposer son opinion et le Concile se disloqua avant la fin. Comme l’écrit Adam Zernikaw : « Les conférences sur le Saint-Esprit furent nombreuses, les uns disant que l’Esprit procédait aussi du Fils, d’autres contredisant les premiers ». Chacun des deux partis fit appel au Pape Léon III qui, non seulement s’opposa à l’addition du Filioque, mais, en outre, ordonna que le Credo de Nicée-Constantinople fut gravé sur deux plaques d’argent, en grec et en latin, dans l’église Saint Pierre. Cette défaite de Charlemagne montre que le pouvoir des Franks échouait devant l’autorité du Pape Orthodoxe de l’Ancienne Rome. Il faut bien comprendre que, pour Charlemagne, le contenu dogmatique n’était pas essentiel, mais que le Filioque était, pour lui, le symbole du progrès accompli sur les « Grecs » en théologie, grâce à l’application de catégories rationnelles à la Sainte Trinité. C’était pour lui, la preuve de la supériorité culturelle des Franks sur ceux qu’il nommait de façon méprisante les « Grecs ».

Si le vieux Léon III sut résister sur la Foi, il avait cependant permis à Charlemagne de remporter une victoire décisive sur le plan politique, en se faisant couronner « Empereur des Romains », c’est-à-dire en le laissant usurper officiellement la légitimité de l’empereur de Constantinop1e sur les populations romaïques d’Occident. La version germano-francque du couronnement de Charlemagne, que l’on trouve dans les manuels d’histoire occidentaux, est une véritable mystification, puisqu’elle est fondée uniquement sur le récit de l’idéologue frank Eginhard qui affirme que ce serait Léon III qui, de son propre gré, aurait couronné un Charlemagne réticent.

En fait, par cette cérémonie, où la puissance du roi frank fit violence au Pape Orthodoxe Léon III, c’était une nouvelle conception de la légitimité que Charlemagne voulait instaurer. Le récit d’Eginhard qui n’ose pas donner à Charlemagne la responsabilité de l’événement prouve, a contrario, qu’au IXe siècle les barbares n’avaient pas réussi à instaurer, en Occident, une autre légitimité que celle du peuple romain. Mais la prétentieuse théologie du Filioque et la conception carolingienne du pouvoir, jointe au fait que la croyance augustinienne à une prédestination absolue semblait porter sur la race prédestinée des Franks, ont jeté les principes fondamentaux du Moyen-âge occidental.

La nécessité de lutter contre les arabes en Italie du Sud et l’occupation militaire par les Franks de l’Ancienne Rome y avait fait naître, en microcosme, une situation similaire à celle de l’Occident : un parti frank et un parti romain s’y combattaient. De la mort de Léon III à l’année 858, le peuple orthodoxe de Rome réussit à imposer un candidat du parti romaïque, malgré les menaces des empereurs germaniques. Déjà lors de l’élection de Léon III, selon son biographe, l’anxiété et la terreur furent grandes à Rome de représailles francques. L’élection de Benoît III fut interrompue par le parti germanique qui imposa, un instant, son candidat Anastase, mais la foule assiégea les portes de la basilique constantinienne où se tenait le synode chargé d’élire le nouveau pape.

A la mort de Benoît, fut élu le premier pape germanophile, Nicolas Ier. L’empereur germanique Louis II accourut, dès la mort de Benoît, à Rome et fit procéder à l’élection en sa présence. Très vite Nicolas Ier voulut imposer son autorité sur toute l’Eglise et il appliqua, à sa propre tiare et à son règne, la doctrine de la prédestination. Il écrivit au patriarche de la Nouvelle Rome, saint Photios le Grand, que « l’Église romaine avait mérité les droits de tout pouvoir d’une manière totale et avait reçu le gouvernement de toutes les brebis du Christ ». Un peu plus tard, furieux de ne pas obtenir la reconnaissance de ses innovations par saint Photios, il écrivit directement au peuple, au clergé et à l’empereur de Constantinople, des lettres hostiles et haineuses où le saint patriarche est appelé « Monsieur Photios », « adultère », « homicide » et « juif ». En Bulgarie il bénissait la mission de l’évêque Formose, un chef du parti philo-germanique, et autorisait l’addition du Filioque au Credo, ainsi que d’autres réformes ou pratiques, propres aux églises francques.

Cette attitude provoqua la réaction de l’Église de Constantinople et Saint Photios, en accord avec son Synode, envoya une encyclique à toutes les Eglises dans laquelle il dénonçait la situation créée en Bulgarie et le dogme du Filioque. Un concile se tint à Constantinople, en 867, en présence des légats des patriarches orientaux, et anathématisa les doctrines que dénonçait saint Photios, en particulier l’hérésie du Filioque et son addition au Credo de Nicée-Constantinople, en Bulgarie. Plus de mille signatures témoignèrent contre le dogme frank qui, comme l’affirme saint Photios, scindait la Sainte Trinité en deux, puisqu’il instaurait deux sources à la Divinité, aboutissant ainsi au paganisme. Après l’exil du patriarche Photios, le pape Nicolas Ier fit organiser à Constantinople en 869, un concile de dix-huit évêques où la personne de saint Photios fut condamnée, sans qu’aucune hérésie n’ait pu lui être reprochée.

Il faut dire que Nicolas Ier, à Rome même, n’osa jamais imposer le Filioque, par peur du peuple romain fidèle à la Foi Orthodoxe. Nicolas Ier ne cessait d’ailleurs de rencontrer des difficultés avec les romains de l’Italie du sud et même avec ceux des Gaules que sa conception totalitaire de l’ancienne « ethnarchie » choquait. Lorsqu’il mourut, il n’était soutenu que par les théologiens franks favorables au Filioque, qu’il avait mobilisés contre le patriarche et l’empereur de Constantinople, sans pour autant nommer saint Photios dont la science et la sainteté étaient connues des romains orthodoxes de la Gaule.

Après un pape de transition, Hadrien, le parti romain l’emporta à nouveau et l’archidiacre Jean, devenu Jean VIII, accéda au trône patriarcal de Rome. Jean VIII, que l’historiographie occidentale a laissé longtemps de côté – en partie du fait de la falsification des sources, aujourd’hui admise par les savants – a été un grand pape de la Romanité, de la stature des Léon le Grand et des Grégoire le Grand. Hiérarque rusé et prudent, jusqu’à la mort de l’empereur Louis II en 875, il sut utiliser le parti germanique, sans lui donner un rôle décisif. Mais dès que la menace germanique, avec la mort de l’empereur, eut disparue, il déposa, excommunia et anathématisa les évêques « nicolaïtes » qui avaient ajouté le Filioque en Bulgarie, et en particulier Formose. Il choisit un candidat à l’empire parmi les carolingiens, le roi de « France » Charles le Chauve, qui était le plus modéré et le plus éloigné de l’Italie et lui imposa une « donation » qui libérait les élections des papes de la présence des légats de l’empereur.

Ainsi il tentait de préserver Rome d’un second Nicolas imposé par le parti germanophile. Après la défaite et la mort de Charles le Chauve, il laissa en suspend la succession qu’il essayait de contrôler, jouant les différents prétendants les uns contre les autres. Il échoua finalement, puisque le roi Charles le Gros finit par envahir Rome et par faire assassiner, un an plus tard, Jean VIII empoisonné et achevé à coups de hache. Mais ce délai que sut imposer Jean VIII au trône de l’ancienne Rome, s’il fit entrer la capitale dans une période de troubles et d’incertitudes, devait contribuer à changer la face des choses. D’une part la désorganisation politique en Italie, provoquée par la vacance de l’empire occidental, permit aux troupes de Basile Ier de progresser dde façon décisive en Italie du sud et de libérer momentanément les romains de la région. D’autre part, les légats de Jean VIII purent assister et reconnaître les décisions du Concile de 879 présidé par saint Photios, de nouveau en possession de son trône patriarcal.

A ce concile, tous les patriarches furent représentés et saint Photios fut reconnu par tout le monde comme Patriarche de la Nouvelle Rome. C’était l’œuvre de Nicolas Ier qui s’effondrait. L’inaltérabilité du Symbole de la Foi et la condamnation de toute addition furent officiellement proclamées, bien que Jean VIII ait demandé que, par prudence, les Franks ne soient pas nommés. Les légats de l’Eglise de Rome nommèrent l’addition une « inqualifiable insulte aux Pères ». Jean VIII écrivit une lettre à saint Photios où il condamne, en termes voilés mais fermes, les germano-franks et l’addition du Filioque : « Nous les mettons du côté de Judas, puisqu’ils ont déchiré les membres du Christ ». Ce concile de 879 qui reconnut l’œcuménicité du VIIe Concile eut tous les caractères d’un Concile Œcuménique et l’Église Orthodoxe le reconnaît désormais comme VIIIe œcuménique.

Le pontificat de Jean VIII marque donc un moment décisif et mal connu de l’histoire du « schisme », parce qu’il représente la dernière grande résistance des romains de l’ancienne Rome et de l’Occident à la poussée germano-francque contre le trône orthodoxe de Rome.

La période qui va de la mort de Jean VIII au début du XIe siècle est systématiquement représentée, en Occident, comme une période de corruption et d’anarchie du fait du rôle des laïcs dans le choix des papes. Les seuls papes qui trouvent grâce aux yeux des historiens sont ceux qui se sont tournés vers les royaumes issus des carolingiens. En réalité, cette période est présentée comme une période particulièrement trouble, parce que les romains de l’ancienne Rome gardaient un contrôle relatif de leur Église. Comme l’écrit le R.P. J. Romanides : « Pendant deux siècles, de 784 à 809, quand les Franks condamnèrent le VIIe Concile Œcuménique, jusqu’en 1019 ou 1014 quand fut définitivement introduit le Filioque au symbole à Rome, les Orthodoxes Latins luttèrent durement en Italie pour garder la Foi des VIIe et VIIIe Conciles Œcuméniques ».

Effectivement, jusqu’au début du XIe siècle, le Filioque ne fut jamais ajouté au Credo et tant que Rome reconnut les VII et VIIIe Conciles Œcuméniques, la communion ne fut pas rompue entre les sièges orientaux et l’ancienne Rome. Durant cette période, les Franks, qui craignaient une révolte de tous les romains de l’Occident, n’osèrent pas toucher directement au patriarche de l’ancienne Rome. Mais lorsque l’empire germanique fut rétabli, le dernier pape orthodoxe Jean XVIII lut déporté dans un monastère de l’Italie du Sud et Serge IV qui devait son trône à l’empereur germanique Henri II, confessa le Filioque dans sa lettre d’intronisation qu’il adressa au patriarche de Constantinople Serge II. Ce dernier, par décision conciliaire, effaça alors le nom du pape des diptyques de la Grande Eglise et il n’y fut jamais rétabli. A Rome même, le Filioque fut officiellement ajouté par le pape Benoît VIII, le neveu de l’empereur germanique. Encore une fois le clergé et le peuple réagirent mais ils durent, cette fois-ci, s’incliner devant l’autorité de Benoît VIII, parce que ce fut pendant le couronnement d’Henri II le germanique, que le Credo fut lu avec l’addition.

L’usurpation du trône orthodoxe de l’ancienne Rome s’achevait et le peuple romain d’Occident, sans tête ni défense, dût supporter les persécutions que lui firent subir les grands papes de la féodalité, comme Grégoire VII. Cependant, il y eut longtemps encore, d’une façon éparse, des résistances, et l’on sait par un texte d’Alexandre d’Haies, qu’en 1240, soit 226 ans après l’addition du Filioque par Benoît VIII, on chantait encore dans certaines églises le Credo sans l’addition. On peut en dire cependant, qu’en 1014, la résistance de quatre siècles des romains de l’Occident s’achève et qu’une nouvelle structure ecclésiale, totalement étrangère à l’ancienne, et qui porte tous les caractères de la féodalité, remplace la papauté orthodoxe des Léon, Grégoire et Jean VIII.

L’incident de 1054 à Constantinople, qui donne son nom au « schisme » lui-même, n’est donc, comme on l’a dit, que le permis d’inhumer. On sait que le 15 Juillet 1054, au moment de la Liturgie, célébrée en présence du Patriarche Michel Cérulaire, Humbert, légat du pape Léon IX, fit irruption à Sainte Sophie et déposa sur l’autel un libellé où il reprochait aux « orientaux » d’avoir ôté le Filioque du Credo !!!

Il accusait aussi le patriarche Michel d’être pneumatomaque et théomaque. Le patriarche réunit un concile et anathématisa « cet écrit impie et stupide ». Le patriarche Pierre d’Antioche, auquel Cérulaire écrivit, confirma la décision de l’Eglise de Constantinople et tous les autres patriarches orientaux firent de même, suivant en cela ce qu’ils avaient décidé lors du Concile de 879.

Les événements ultérieurs confirment que la notion d’usurpation est la plus adéquate pour décrire la politique ecclésiastique des Franks et des Germains. Les Croisades sont, en effet, d’une façon encore plus nette, des tentatives pour remplacer les évêques orthodoxes des sièges orientaux par des évêques « latins », c’est à dire Franks. L’uniatisme fut également la continuation, par des moyens plus ou moins directs, de la même politique, et ce n’est que récemment que la connaissance et l’étude des textes ont permis une approche défavorable à l’Occident, du « schisme ». C’est cette restitution des faits que l’œcuménisme, s’appuyant sur une hostilité ou un mépris quasi-héréditaire de tout ce qui est « byzantin » ou « grec », tente de relativiser. Mais, oubliant la résistance héroïque de ses ancêtres romains orthodoxes, il ne peut justifier cette relativisation qu’au prix d’un obscurcissement des faits historiques et d’un mépris quasi-total de la lutte politique et théologique des romains orientaux lors des croisades et aux XIV et XVe siècles, lorsque saint Grégoire Palamas et saint Marc d’Ephèse se présentèrent comme les champions de la Tradition Romaine Orthodoxe, face à la théologie orgueilleuse des Franks, fondée sur la raison et l’imagination.

A notre époque, où la civilisation issue de la prétendue « Renaissance » est partout contestée, l’œcuménisme apparaît à beaucoup d’Orthodoxes comme une ultime tentative de la papauté, îlot féodal au milieu du monde moderne, de sauver « l’infaillibilité » de l’homme européen et d’empêcher le retour des « romains » d’Occident à la théologie romaïque des Orthodoxes, à la théologie des TROIS DOCTEURS. Aussi étudierons-nous, lors d'un prochain billet, le rejet au Concile de Ferrare-Florence, au XVe siècle, de la méthode rationaliste des Franks, par le grand et trop méconnu, saint Marc d’Ephèse, surnommé l’Atlas de l’Orthodoxie.


jeudi 27 janvier 2011

As-tu présenté correctement ?





La véritable connaissance est basée sur une communion réelle avec Dieu. En dehors de cette communion avec Dieu, toute connaissance est nulle et fausse. Toute connaissance qui est basée sur un domaine étranger à la communion avec Dieu, nous l'appelons «gnosticisme» : il s'agit d'une initiation à une certaine théorie, à une certaine doctrine ; quant à ceux qui sont initiés à cette théorie, à cette doctrine, nous leur donnons le nom de «gnostiques», ces deux termes venant tous deux du mot «gnose», qui signifie «connaissance».


Tandis que dans la conception orthodoxe, nous n'admettons même pas que ce que nous appelons l'Église Orthodoxe constitue une «religion». Par «religion», nous entendons un système à base spiritualiste et philosophique qui a pu évoluer au cours des siècles par l'entremise de l'homme. Elle répète l'évolution des conceptions humaines, en présente une systématisation, et s'est nécessairement adaptée à elle. Tandis que la doctrine orthodoxe exclut toute possibilité de connaissance de Dieu par les facultés humaines. L'homme, malgré tout son savoir, malgré toute son intelligence, ne peut pas par lui-même connaître Dieu, si Dieu ne Se révèle pas à lui.

De sorte que l'Église, pour nous, c'est le lieu, c'est le tabernacle de la révélation divine. Si Dieu ne Se révèle pas à nous, nous sommes, nous-mêmes, inaptes et incapables d'accéder à la connaissance et à la compréhension de ce qui Le concerne par nos propres facultés intellectuelles, sentimentales, physiques, psychiques : toute expérience humaine, aussi riche soit-elle, s'avère nulle et vaine.

C'est pourquoi notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ Lui-même nous a dit :

«Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est Celui qui L'a fait connaître. Nul ne vient au Père que par Moi Celui qui M'a vu a vu le Père.»


Alors, de ce fait, nous n'admettons pas que l'Orthodoxie constitue une religion parmi tant d'autres et nous n'admettons pas non plus qu'elle constitue même la meilleure des religions. Ce n'est pas la meilleure des religions pour la bonne raison que les religions ne sont que des religions, alors que l'Orthodoxie, c'est la révélation de Dieu à l'homme. Ni plus ni moins !

 
http://membres.multimania.fr/orthodoxievco/bul/14.htm
 
 
Sans dogme droit, orthodoxe, il n'y a pas de culte droit ; et les connaissances théologiques ne sont pas pur savoir intellectuel, mais des vérités à vivre.

samedi 9 octobre 2010

Reniement de l’Orthodoxie





L’Eglise orthodoxe est, dans le monde créé, le milieu où habite et se communique aux hommes la grâce incréée et déifiante de Dieu.

Dieu, qui a créé l’homme sans lui demander son avis, ne le sauve qu’avec le libre consentement de celui-ci : « Que celui qui veut venir après moi, prenne sa croix et me suive… » Deux volontés sont donc indispensables pour le salut : celle de Dieu et celle de l’homme. Mais il y a une troisième volonté, c’est celle du diable, de Satan, l’ennemi du genre humain, qui tend à dissocier les deux premières pour mener l’homme à sa perte.



Or, pour l’Eglise, altérer la Vérité salvatrice qu’elle a reçue, c’est se renier elle-même et égarer ceux qu’elle a pour mission de sauver.


Sachant que son Fondateur est avec elle jusqu’à la fin du monde, l’Eglise orthodoxe, qui garde jalousement, au prix du sang, le dépôt de la Vérité, n’a jamais pu admettre aucune union, scellée au détriment de la Vérité, sachant que toute doctrine altérée, fragmentaire, hérétique, vient de Satan le père du mensonge, l’adversaire du salut des hommes.

dimanche 8 août 2010

L’IMPOSTURE





L’auriez-vous imaginé ? Satan va fonder une… église !

Si vous en doutez, jetez un coup d’œil, jetez un coup d’œil sur ce qu’écrit la presse séculière et ecclésiastique.

Nous pouvons y lire qu’à plusieurs endroits, des hommes de diverses religions se sont assemblés : Hébreux, Papistes, Protestants, Hindouistes, Musulmans, Bouddhistes, Indiens, et des évêques… Orthodoxes ( ?!).

Et ce n’est pas pour déguster des glaces ni pour visiter, sous la conduite d’un guide, les monuments de l’endroit qu’ils se sont rencontrés ! Mais pour prier ensemble ! Tour de Babel, édition moderne.

Embrassades, accolades, baisers avec les hétérodoxes, communion donnée aux non-baptisés, rencontres et bavardages, pour inaugurer un "christianisme" moderne, débarrassé de tout dogme et de toute tradition !

Mais le nouveau "dogme" qui doit remplacer l’Evangile et la doctrine des Pères porte un nom, celui d’œcuménisme !

Satan élabore la "théologie" de sa religion et couvre son imposture sous l’épaisse crème chantilly de L’AGAPOLOGIE. Et son objet va loin, fonder son "église".

Dans les "églises" de Satan, (qui fonctionne déjà, dans certains pays), les évêques ne seront plus que des éléments décoratifs, des vedettes de la télévision d’état, des supporters de la politique d’état, des vitrines et des curiosités pour touristes !

Ils ne dirigeront plus l’Eglise (qui sera devenue une institution étatique, une sinécure contrôlée par des athées), ils auront la bouche muselée et toucheront un salaire d’état.

– Vous semblez animés, dans vos sibyllismes, d’une grave… hystérie, fit remarquer un moderne ami, à qui ces pensées furent confiés.

–Ami, Satan se transforme en ange de lumière, comme l’a dit l’apôtre Paul ; pourquoi ne deviendrait-il pas… "chef d’église", "patriarche", "archevêque", "ministre des cultes" ?

– …

– Les paroles de Berdiaeff sont d’une extraordinaire actualité : "Les persécutions terminées, l'Eglise persécutera les chrétiens".

– Cette pensée, je l'ai entendue, reprise par un vieil évêque: "Mon fils, nous devons nous attendre à être persécutés par une église soutenue par le monde !"


Voilà l'imposture conçue par Satan ! Orthodoxes, réveillez-vous !

samedi 3 juillet 2010

Perversion de l’expérience ecclésiastique


Les conséquences théologiques que l’œcuménisme a sur la vie et l’action de l’Eglise



L’œcuménisme mets le corps saint de l'Eglise au service de desseins mondains. Les œcuménistes ont appris à manœuvrer comme des politiciens: ils pratiquent la diplomatie au nom du Christ, se rencontrent en congrès, se font mutuellement de petites concessions, et favorisent la prétendue "coopération" dans les domaines culturels, pacifistes et humanistes. Au nom de l'amitié entres peuples, au nom de la paix et de l'humanité, ils oublient gaiement les différences théologiques et dogmatiques, qu'ils voient comme un sévère attachement à la lettre de la loi. Et pour donner un fondement à cette perspective purement mondaine, ils produisent la prière du Christ à son Père, pour ses disciples : « qu’ils soient un ». Ainsi, ils donnent une version totalement humaniste de l’unité, oubliant de quel amour le Christ a parlé : « comme nous sommes un ». Ici, le Christ parle de l’unité parfaite de la Sainte Trinité. Il nous a enseigné que nous pouvons trouver cette unité sans faille dans l’Eglise, où demeure l’Esprit de Vérité, et non là où se rencontrent toutes les erreurs humaines.


Le raccommodage, sans pénitence, des erreurs humaines et leur mélange dans les congrès œcuménistes dans des buts humanistes et pacifistes, n’a aucun rapport avec le véritable ralliement, dans la vérité, des fidèles qui recherchent la paix « qui surpasse toute intelligence ».

 Seuls ceux qui n’ont jamais goûté à la paix véritable font une telle confusion.

jeudi 13 mai 2010

Persistance dans l’œcuménisme papodulique



L’Eglise ne connaît que trois degrés dans sa hiérarchie et il n’y existe pas de charisme du pouvoir supérieur à celui de l’évêque.



L’Eglise orthodoxe ne connaît aucun charisme ou sacrement de primauté : il n’y a donc aucun autre pouvoir que le pouvoir épiscopal ; si ce pouvoir existait, il serait d’une autre nature que le pouvoir de grâce et par conséquent, sa source serait ailleurs que dans l’Eglise.



L’inquiétude qui s’est emparée du peuple orthodoxe va s’amplifiant, à cause de l’audacieuse marche œcuméniste du Patriarcat de Constantinople.





Quelle doit être l’attitude du peuple orthodoxe face au Phanar impénitent ?





L’attitude qui s’impose est celle de moine "rustre" du Mont Carmel, du prophète Elie ! Ses paroles simples, dignes et directes, avec lesquelles il a affronté, à son époque, l’impiété de "l’œcuménisme religieux" d’Achaab, nous les faisons nôtres, elles sont la réponse qui convient : "Jusques à quand, demande le prophète, clocherez-vous des deux pieds ? " Et il continue : "Si le Seigneur est le Dieu de nos Pères, allez avec lui ; si c’est Baal, alors suivez-le".

Nous posons, nous aussi, la question aux adeptes de l’œcuménisme impie : "Jusques à quand, vous aussi, clocherez-vous des deux pieds ?
 Si le Pape n’est pas hérétique, alors marchez derrière lui ; s'il est hérétique, coupez alors tout contact avec lui".

dimanche 21 mars 2010

Grande sera la gloire de cette maison





Grande sera la gloire de cette maison ; le dernière plus que la première


Aggée 2,9



Quelle est donc cette Maison et cette grande gloire dont parle le Prophète ?


-C’est l’Eglise de Dieu. Et l’Eglise de Dieu, c’est l’Eglise Orthodoxe, que le "Christ a acquise par son Sang Précieux". Elle est l’Arche sacrée qui a gardé le trésor de notre foi immaculée, la doctrine des Apôtres, les dogmes des Pères, malgré les persécutions, au prix du sang des Martyrs, des ascèses rigoureuses des Hiérarques, des Pères et des Anachorètes. Depuis la fondation du Christianisme, cette Arche Sainte a été battue, sans relâche, par les vagues furieuses de la mer noire de l’hérésie et de l’apostasie. Mais le Seigneur la gardera, Il la gardera jusqu’à la fin et ne la laissera pas sombrer, selon la promesse infaillible qu’il nous a donnée.


Et nous, qui avons fait d’elle notre refuge, soyons assurés que le Seigneur Ami de l’homme, nous couvre de ses ailes. Sous sa puissante protection, restons vigilants, priant jour et nuit d’être dignes de garder ce Trésor. Disons : « Seigneur, sauve ton peuple et bénis ton héritage… » Et aussi : « Mon espoir est le Père, mon refuge le Fils, mon bouclier l’Esprit Saint. Trinité Sainte, gloire à Toi !» Crions aussi, les mains levées vers le ciel : « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit Céleste. Nous avons trouvé la Foi véritable. Adorons l’Indivisible Trinité, car c’est Elle qui nous a sauvés ».


Dieu nous a vraiment aimés et honorés. Il a fait de nous des membres de son Eglise. Il nous a donné de voir la Vraie Lumière, de recevoir l’Esprit Céleste, de trouver la Foi véritable, qui nous conduit sur la voie du salut !


Comment Le remercier, comment lui rendre grâces ?


Il ne nous a pas donné seulement la Foi véritable, mais aussi la force de «combattre le bon combat» au cours des siècles et de résister au Malin et à ses embûches. Il a placé devant nous une colonne de feu, pour nous éclairer dans l’océan noir et furieux de l’égarement.


Et voici qu’à nouveau, l’ouragan de Satan se déchaîne contre l’Eglise Orthodoxe. Des nuages sombres cachent notre ciel clair. Ils viennent des régions où le soleil se couche, pour plonger dans les ténèbres l’Orient, la Patrie du Christ.


Des courants troubles et pollués ceinturent l’Orthodoxie. Des serpents aux têtes de colombes sortent de leurs cavernes obscures, des crocodiles aux plumes de paons errent autour de notre "Arche Sacrée".



Soyons donc vigilants. Baignons de nos larmes l’escabeau des pieds du Christ, pour qu’Il nous délivre des étreintes du Serpent Antique, du Malin. Le combat d’aujourd’hui est plus dur que celui du passé, le complot plus infernal. Le Diable a mis en action toutes ses machineries, il a mobilisé toutes ses milices, il a dressé au-dessus de nous un nouveau Nabuchodonosor et l’a fait maître religieux de ce monde illusoire. Et ce nouveau Nabuchodonosor, c’est l’OECUMENISME.


-Comptez-vous, nous dit-il, et voyez combien vous êtes, vous qui vous isolez et ne voulez pas de moi. Vous êtes bien peu nombreux, devant les millions d’hommes qui s’inclinent devant moi. Ma domination s’étend sur le monde entier…


Voilà ce que nous annonces par ses hérauts, ce nouveau Nabuchodonosor.


Que les chrétiens orthodoxes lui répondent par la bouche des Trois Adolescents jetés dans la fournaise par l’antique Nabuchodonosor :


-Notre Dieu est dans le ciel, c’est Lui qui nous délivrera !


En nos temps de "malice", beaucoup de berges indignes de la Bergerie Orthodoxe, se plaisent à embrasser tous ceux qui insultent la VERITE. Que leur arrive-t-il ? Comment expliquer leur zèle intempestif à trahir la Vierge Orthodoxie ? Pourquoi ce fol amour ?


Derrière l’idole du "saint amour", se cachent ceux qui d’un pied allègre livrent « L’Amour Crucifié », le seul et vrai héritage gardé par la seule Eglise Orthodoxe.


Puisse le Seigneur ne jamais nous priver du trésor de la Foi Orthodoxe, dont Il nous a confié la garde. Crions Lui avec larmes : « Ne nous sépare pas de tes enfants ».


Notre combat est le plus dur, mais la gloire de l’Orthodoxie ne sera que plus grande, plus grande que celle des temps anciens.


Notre foi resplendira davantage, elle aveuglera ses ennemis, comme la Lumière du Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu ressuscité, a aveuglé les soldats qui gardaient son tombeau. Et tous ceux qui s’attachent à ce qui est vain et faux seront confondus.


En vérité, grande sera la gloire de l’Orthodoxie, la dernière gloire plus que la première : « GRANDE SERA LA GLOIRE DE CETTE MAISON, LA DERNIERE PLUS QUE LA PREMIERE… » dit le Seigneur Tout-Puissant.

dimanche 24 janvier 2010

Celui qui EST ne change pas


Le mystère de la Théologie est le suivant : Christ est vrai Dieu, Consubstantiel à Dieu le Père.



C’est pourquoi il est sauveur, c’est pourquoi il est Rédempteur, c’est pourquoi il est Seigneur.


Le Père n’a rien subi en l’engendrant, ni la Mère en le mettant au monde. Le Fils de Dieu s’est fait Fils de l’Homme. Celle qui l’a enfanté, a été gardée intacte et sans souillure dans sa virginité naturelle tout en recevant ce qu’elle n’avait pas : la maternité surnaturelle.


Si les hommes persécutent celui qui confesse, le haïssent à cause de la Vérité, l’éloignent de leurs temples, de leurs honneurs, de leurs richesses et de leurs gloires, le Christ le rencontrera et le couvrira d’honneurs beaucoup plus que ses ennemis l’auront couvert de honte ; il lui donnera une plus grande connaissance, une plus grande foi. Et lui n’adorera plus que le Christ.


Assieds- toi à ma droite






Saint Maxime le Confesseur dit que « Le Fils de Dieu s’est fait Homme, sans altérer sa nature, sans échanger sa puissance ; il a fait de celle qui l’a mis au monde, une Mère et l’a gardée vierge, miracle des miracles…. » 3e Cent. Gnost. Ch.9


Il n’y a pas de différence entre le Fils de Dieu et le Fils de Marie, comme le voulait Nestorius. Seul est unique le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme.



La pensée qui nie la divinité du Christ est satanique

lundi 18 janvier 2010

Décision salutaire


La responsabilité de l’Orthodoxie envers les hétérodoxes et tous les hérétiques impénitents, consiste à confesser LA VERITE, dans l’amour et la prière, face au monde entier. Une simple prière en commun est déjà interdite par les règles des Apôtres.
Et lorsque que les parrains de l’œcuménisme se comportent comme si aucune divergence ne nous séparait d’avec les cacodoxies ; ils tentent ainsi de rabaisser la tradition ecclésiastique orthodoxe et apostolique. Mais il y a encore parmi les candidats au sacerdoce, des personnes en qui se forme une crise de conscience et ne sont pas enthousiasmés par les concélébrations qui de facto neutralisent les critères orthodoxes.













Lettre ouverte d'André Alexandrovitch Serebritch,

étudiant du Séminaire orthodoxe russe en France,

aux archevêques Hilarion de Volokolamsk,

Innocent de Chersonèse, Eugène de Vereia ;

au hiéromoine Alexandre

et aux enseignants et étudiants

du Séminaire orthodoxe russe en France

8 janvier 2010


Moi, André Alexandrovitch Serebritch, étudiant du Séminaire orthodoxe russe en France, ne peux poursuivre ma formation au Séminaire pour les raisons suivantes :

Ayant étudié presque trois mois au séminaire, du 8 octobre au 22 décembre 2009, j'ai constaté d'une part que la direction du séminaire imposait aux étudiants des enseignements et des points de vue manifestement non orthodoxes, d'autre part une duperie à l'égard des étudiants du séminaire.


Je ne peux partager les opinions dogmatiques de la direction du séminaire, qui sont enseignées comme indiscutables et ne supportant pas d'objections :


1) Le recteur du séminaire, le hiéromoine Alexandre (Siniakov), lors d'un des cours de théologie dogmatique dont il a la responsabilité, a affirmé que l'Église catholique, dans son enseignement sur le Filioque, s'appuyait sur le traité de saint Basile le Grand «Sur le Saint Esprit» (alors que, à l'étude du texte, cela ne ressortait nullement) ; et à la question des séminaristes sur la position orthodoxe sur le sujet, le recteur a répondu que les orthodoxes n'avaient de position, et que, en fait, il n'y a pas de différence à lire le Symbole de la foi — avec le « Filioque » ou sans lui. Mais, en réalité, les orthodoxes ont une position sur cette question ; elle a été exprimée par saint Grégoire Palamas, par exemple, quand il dit aux catholiques : «Nous ne serons pas en communion aussi longtemps que vous direz que l'Esprit Saint procède aussi du Fils» ; elle a été aussi exprimée au concile de Constantinople de 1583 où il fut édicté que «celui qui ne confesse pas avec le cœur et les lèvres que... l'Esprit Saint procède uniquement du Père quant à l'hypostase... qu'il soit anathème !». La Lettre des patriarches orientaux sur la foi orthodoxe, datée de 1848, l'exprime également, précisant que «l'Église une, sainte, catholique et apostolique, à la suite des saints Pères de l'Orient et de l'Occident, par le passé comme et à nouveau aujourd'hui, déclare de façon conciliaire que cette opinion nouvellement instaurée selon laquelle l'Esprit Saint procéderait du Père et du Fils est une hérésie notoire, et que ses adeptes, quels qu'ils soient, sont des hérétiques... les communautés composées de ces adeptes sont des communautés hérétiques, et toute communion spirituelle dans les offices avec eux de fidèles orthodoxes de l'Église concilaire est illégale».

2) Une autre fois, lors d'un cours de dogmatique, il était question de l'authenticité historique de la fête de l'Entrée au Temple de la Sainte Mère de Dieu. Cette question fut posée après que nous eûmes assisté à un cours à l'université catholique de Paris, où nous, les séminaristes, suivons également un enseignement. Le Père recteur, à la suite de Yves-Marie Blanchard, enseignant de cette université, soutenait que la réalité de l'Entrée au Temple de la Sainte Mère de Dieu n'était pas historique, cette fête n'ayant aucun bien-fondé historique et n'ayant qu'un caractère symbolique, — ce qui contredit la tradition orthodoxe. De plus, le Père recteur présenta ces informations non comme une variante, mais comme une position vraie, ce que montrent les enregistrements mp3 de ses conférences.

Je ne peux pas non plus agréer les règles de comportement imposées aux étudiants. Reconnaissant que, dans les relations avec les représentants de l'Église catholique, il est indispensable de se conformer au chapitre correspondant des «Fondements de la conception sociale de l'Église orthodoxe russe», je considère cependant que certains agissements de la direction du séminaire ont causé un trouble certain :

1) Les dispositions sur l'obligation de prendre la bénédiction des évêques catholiques et de leur embrasser la main, alors que le canon 32 du concile de Laodicée dit qu' «il ne faut pas prendre de bénédiction des hérétiques». À cela on peut aussi ajouter le fait que, lors d'une des réceptions dans notre séminaire, le repas a été béni par un évêque catholique invité par le recteur.

2) Au début des cours, la prière «Roi céleste» est prononcée ensemble avec les catholiques, alors que le canon 33 du concile de Laodicée dit qu' «il ne convient pas de prier avec un hérétique ou un renégat», et, de même, lors du concile des évêques de l'Église orthodoxe russe en 2008, il a été décidé que lors des relations avec des non-orthodoxes, «notre Église n'accepterait pas les tentatives de "mélanges de foi", d'actions de prières communes qui mêlent des traditions confessionnelles ou religieuses de façon artificielle» («Questions relatives à la vie interne et à l'activité extérieure de l'Église orthodoxe russe», 36).

3) Du fait que la vie des séminaristes a lieu en contact et dialogue permanents avec les catholiques (qui sont parmi des enseignants, certains cours des séminaristes ayant lieu à l'université catholique), il est interdit de témoigner de l'Orthodoxie face aux catholiques sous prétexte que, chez eux, soi disant «tout est normal en ce qui concerne l'enseignement de la foi». Pourtant, les saints Pères enseignent que chez les catholiques, tout est loin d'être normal en ce qui concerne l'enseignement de la foi : «Nous avons rejeté les Latins pour la seule raison qu'ils sont hérétiques» (saint Marc d'Éphèse) ; les Latins se sont séparés de l'Église et «sont tombés... dans un abîme d'hérésies et d'égarements... et y restent sans aucun espoir de s'en relever» (saint Païssij Velitchkovski) ; « depuis la séparation de cette Église de l'Église d'Orient et de sa chute dans la ténèbre funeste des hérésies...» (saint Ignace Briantchaninov) ; «l'Église de Rome s'est depuis longtemps écartée dans l'hérésie et les innovations» (saint Ambroise d'Optino). Quant à l'interdit de prêcher aux catholiques, il entre en contradiction évidente avec le même concile des évêques de 2008 qui a fixé que «la participation de l'Église orthodoxe russe dans le dialogue entre chrétiens et avec les autres religions avait lieu pour témoigner de la vérité de la sainte Orthodoxie» («Questions relatives la vie interne et à l'activité extérieure de l'Église orthodoxe russe», 35).

4) On reste perplexe face aux déclarations du recteur s'opposant à ce que l'on visite les lieux orthodoxes de Paris, en particulier l'église des Trois-Docteurs à Paris [siège de l’évêché de patriarcat de Moscou].

5) Une autre disposition a causé le trouble avant les vacances — à propos de la nécessité pour les séminaristes, le 7 janvier — jour de la Nativité du Christ —, de fréquenter comme à l'habitude les cours de l'université de Paris, car, soi disant, si nous n'allions pas aux cours, les «frères catholiques» ne le comprendraient pas et se vexeraient. Si je ne me trompe, selon la tradition orthodoxe, cela est considéré comme un non-respect à l'égard de la fête religieuse, et il est peu vraisemblable qu'il y ait un autre séminaire de notre Église où l'on étudie et travaille le jour de la Nativité !

6) Un de nos étudiants a été expulsé du séminaire simplement pour délit d'opinion. Georgij Aroutiounov — c'est son nom —, a été accepté au séminaire comme les autres étudiants, il étudiait avec les autres, était actif lors des cours, posait des questions, défendant toujours la position orthodoxe, mais ne blessant personne personnellement. Malgré tout, il a été expulsé simplement parce que ses opinions ne correspondaient pas à celle du recteur. Le conseil de discipline du séminaire ne s’est pas réuni une seule fois pour examiner son affaire, il n'y a eu aucune accusation officielle, aucune possibilité de s'expliquer — il a été annoncé qu'il n'était plus étudiant, voilà tout. De façon non officielle, oralement, on interdit même aux autres étudiants de communiquer avec lui. En fin de compte, quiconque aura un point de vue, sur une question ou une autre, différent de celui du Père recteur et le défendra ouvertement — sera chassé.

En allant étudier au séminaire, nous pensions que ce séminaire serait comme la lumière de l'Orthodoxie pour le monde catholique et protestant de l'Europe occidentale, un lieu de prédication des valeurs orthodoxes dans une société européenne sécularisée. Malheureusement, actuellement le séminaire n'est pas un lieu de témoignage orthodoxe — ni dans les questions d'enseignement de la foi, ni dans les questions disciplinaires, ni dans la vie quotidienne.

En raison de ce qui est exprimé ci-dessus, je considère que la poursuite de ma formation au séminaire n'est pas profitable à l'âme et par conséquent inacceptable. Je n'ai pas de prétentions de caractère personnel à l'égard de la direction du séminaire.

8.01.2010

Serebritch A. A. (Серебрич Андрей Александрович)




Les prières en commun avec ceux qui persévèrent dans leurs diverses hérésies blasphématoires sont condamnées énergiquement par les Saints Conciles Œcuménique, et clairement et définitivement, par les Pères de notre Eglise orthodoxe.



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